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Portrait du mois : Serge Kponton et la peinture sur corps, ou l'art de célébrer la force du féminin !

16 décembre 2020 Ancien-ne du réseau
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Serge Kponton
Artiste pluridisciplinaire et autodidacte, Serge Kponton est né en 1980 au Togo et à grandi entre Lomé et Abidjan. Ancien élève du Lycée français de Lomé, il vit à Paris depuis 14 ans, où il exerce sa passion : le body painting ou "peinture sur corps". Dans ses oeuvres, Serge Kponton ambitionne de retranscrire l'expression de la fierté et de la dignité propres aux femmes qui l'inspirent. Prêtes à faire face à tous les défis, les femmes qu'il peint sont mises en lumière par des compositions graphiques faites de lignes et d'idéogrammes. Découverte de cet artiste sensible.

 

Serge Kponton, tu es né et as grandi à Lomé, au Togo. Dès le plus jeune âge tes parents t'ont scolarisé au Lycée français de Lomé. Quels souvenirs en as-tu gardé ?

Pour moi c'est assez particulier parce qu'avant même d'y être scolarisé, je connaissais très bien le Lycée Français de Lomé puisque ma famille et moi habitions juste en face. Je me souviens très bien des journées rythmées par la sonnerie marquant la fin des cours, et le ballet des lycéens se déplaçant de classe en classe par les coursives. Quand mes parents m'y ont inscrit en 1994, je prenais plaisir à inverser le point de vue et, à mon tour, guetter ma maison depuis les coursives. Ce qui m'a marqué, au niveau éducatif, c'était la différence dans les programmes enseignés notamment en Histoire-Géographie au lycée français. Pendant ces années, j'ai beaucoup appris sur l'Histoire de France, de l'Europe et de l'Occident en général ce qui a complété mes connaissances en Histoire panafricaine vue plus tôt dans les écoles aux programmes nationaux ivoiriens et togolais. J'ai toujours, en revanche, trouvé les cours d'Arts plastiques trop courts quand j'étais au Lycée...

Peintre, photographe, dessinateur... tu as plusieurs arts à ton arc mais le body painting est ta marque de fabrique. Quels sont les arts visuels qui ont bercé ton enfance ?

Depuis ma tendre enfance, j'ai toujours été passionné d'arts visuels. Du dessin au crayon, au fusain à l'aquarelle, j'ai toujours satisfait ma curiosité dans l'apprentissage et l'expérimentation de nouvelles techniques. Les films d'animation, et particulièrement les Disney (Bambi, Blanche Neige, le Roi Lion, le Prince d'Egypte...), sont probablement les oeuvres qui m'ont plus le plus marquées. Plus jeune, j'imaginais pouvoir me former au dessin d'animation et intégrer un studio. Enfin, je dirais que comme tous petits garçons, j'ai aussi été influencé - et de fait mon travail - par les comics et les supers-héros (Strange de Stan Lee et les Marvel).

Dans ton art, tu célèbres la femme à bien des niveaux. Qu'est-ce qui t'intéresse chez les sujets féminins ? Dirais-tu que tu es un féministe ?

J'ai eu la chance de grandir entouré de femmes extraordinaires, en commençant par ma mère, ma grand-mère, mes tantes... J'ai vite compris que j'étais assez fier de pouvoir célébrer dans mes œuvres l'expression de la puissance, de la fierté et de la dignité propres aux femmes qui m'inspirent. J'ai décidé de donner à la femme une place centrale dans mon oeuvre et raconter l'histoire de femmes pas comme les autres, de femmes parmi tant d'autres.

Depuis 2012, je travaille en particulier sur un projet photographique que j'ai intitulé "Démasquées", dans lequel le body painting a une place prépondérante. C'est une forme d'expression plastique qui remonte aux origines de l'humanité et qui a plusieurs fonctions : l'affirmation d'un statut donné, l'appartenance à un groupe, ou tout simplement un objectif ornemental. Je m'approprie cette pratique, et je peins sur le corps de la muse une parure rituelle, qui nous laisse entrevoir sa singularité, son caractère, ses capacités extraordinaires, ses failles, ses influences et ses inspirations. Autant d'éléments qui constituent sa véritable identité. Je ne saurais dire si ma volonté de mettre la femme à l'honneur dans mon travail m'autorise à m'ériger en féministe, au sens militant du terme. Si par féminisme, on entend bien égalité et équité, ce devrait être l'affaire de tous, pour un monde meilleur.

Série "Unmasked". De droite à gauche : Mes origines - Aztec princess - Naturalmente

Lignes, idéogrammes, hiéroglyphes, tu nous expliques ton langage ?

La base de ce langage repose sur mon envie de raconter des histoires, de laisser une trace. Certaines civilisations (égyptienne, précolombienne) nous ont légué des vestiges de leur histoire grâce à leur système d'écriture héroglyphique, composés des symboles graphiques représentant un mot ou une idée, des éléments réels ou imaginaires, figuratifs ou abstraits. En m'en inspirant, je me suis donc lancé, il y a une dizaine d'années, dans l'élaboration d'une signature graphique propre, un langage idéographique qui retranscrit les fait marquants des histoires que je raconte dans mes oeuvres. Mes compositions hiéroglyphiques se veulent universelles, pour évoquer des notions compréhensibles par le plus grand nombre, à condition bien sûr d'avoir un oeil assez curieux pour y distinguer les éléments figuratifs.

Quels sont tes projets artistiques à venir ?

J'ai eu la chance de collaborer avec la talentueuse styliste autrichienne Anna-Barbara Aumüller sur une de ses 80 créations présentées en ce moment au Musée de Bourgoin-Jallieu (exposition jusqu'au 14 mars 2021). Il est honnêtement difficile de se projeter avec la situation sanitaire actuelle, mais mon objectif est d'exposer des oeuvres en 2021, et à moyen terme de travailler à l'édition d'un livre dédié au body painting. 

 

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Interview réalisée par Marine Durand




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